15 jours de voyage et un mois pour écrire... Au menu : des temples, quelques animaux, les backwaters, du vécu sur la cuisine et la circulation... Je n'ai pas installé de quoi laisser des commentaires, mais le bon vieux mail est apprécié : jrouquie, chez gmail (ou voir la page d'accueil).
30 août au soir. Une semaine de vacances avant ce voyage nous a fait passer par un mariage à Sète et un anniversaire en Alsace avant d'arriver à Paris pour prendre l'avion. Grand déballage pour aiguiller les bagages entre ce qui reste en France, ce qui va dans la soute, répartition des médicaments un peu partout en cas de perte
31 août, 7h25. Ma cousine se lève (comme promis) pour nous dire au revoir, et retourne se coucher (pas comme prévu).
9h, aéroport de Roissy : des emballeurs de valise (façon barquette de viande) proposent de gaspiller du plastique à usage unique pour 5 à 7€. Il nous disent que sinon, on peut obtenir un xwkjrhyxqz au comptoir. Effectivement, à l'enregistrement assuré par Air France pour le compte d'Air India, on nous donne un grand sac plastique robuste et réutilisable (un par bagage), plus scotch à volonté. Cela s'avèrera utile (pluie, lanières, frottements...). On nous dit que l'avion a une heure de retard (on devinera ensuite qu'il arrive des États-Unis et fait escale).
10h, aperçu dans la zone duty free : foie gras à 180€/kg (heureusement qu'il n'y a pas de TVA en plus !), massage à 15€/10min, boutique qui « rembourse la différence si vous nous présentez un ticket de caisse prouvant que vous avez trouvé moins cher ailleurs » (sous réserve de prendre à nouveau l'avion sous 15j pour repasser dans la zone duty free et d'acheter le produit en double pour avoir un ticket de caisse).
13h30 (heure française), on décolle avec 2h de retard. Spiderman 3 puis Swami (film indien) sur micro écran au mauvais contraste.
1h40 (heure indienne = GMT+5h30). On atterrit. Je me rends compte que le décalage horaire n'est que de 3h30 car la France est déjà en GMT+2, du coup le vol a environ la même durée à l'aller et au retour, ouf (enfin, modulo les retards). Notre correspondance vient de décoller, il faut récupérer les bagages puis sortir pour aller au comptoir Air India pour se faire attribuer un autre vol (qui serait sur la compagnie intérieur, Indian Airlines).
Il nous faut alors revenir dans la zone bagages pour prendre l'autre sortie (celles des transits). Passage à l'envers du poste de douane collectant les "arrival cards". Passage à l'endroit de l'autre poste de douane
-On a donné le papier là-bas parce que...
-L'autre porte ? OK.
Ils sont assez cools avec les formalités ! Mais peut-être qu'il faut avoir une tête de touriste pour ça.
Bon vieux tracteurs pour déplacer pas mal de choses sur le tarmac. Les vols sont affichés avec deux horaires : "prévu" et "estimé"... Même porte d'embarquement pour deux avions à 5 minutes d'intervalle, évidemment il y a du retard. Température extérieure OK, mais il est 3h du matin, ce sera sans doute le plus frais que l'on aura.
Nous cherchons tout de suite à reconfirmer le vol retour, 15j plus tard. « Ce n'est pas ici mais à l'aéroport international, juste à côté » (mais quand même suffisamment loin pour devoir dire non à 10 auto-rickshaws).
Il faut montrer son billet pour entrer dans l'aéroport (les visiteurs peuvent payer 60Rs pour aller dans le hall d'entrée, climatisé). On montre donc notre billet
- Cet avion est déjà parti.
- Non, il est dans 15j.
- C'est pour modifier le vol ou confirmer ?
- Pour confirmer
- À gauche, au premier étage.
Raté, il ne peuvent pas confirmer dans ces bureaux d'Air India, mais un très aimable employé nous indique l'adresse d'Air India en ville.
Le change est bien sûr cher ici, on changera plus en ville. On cherche à prendre le train, et c'est reparti pour tous les rickshaw qui se proposent à nous. On ne négocie jamais aussi bien que quand on ne veut pas acheter, et on n'a alors aucun mal à faire semblant de partir. On finit par se laisser convaincre à 150Rs. La gare n'était pas loin, mais on arrivait par le mauvais côté, il aurait fallu longer et traverser une grande route qui semble assez dangereuse.
L'autre course à faire ici est le billet de train pour revenir à Chennai le dernier jour, avant de prendre l'avion. C'est un long trajet de nuit et on nous a conseillé de le réserver. Egmore station : pas de réservation ici, allez à Central station. Une fois que je me rappelle l'avoir emportée, la boussole est tout de même plus pratique que le soleil presque au zénith pour trouver le Nord (quoi qu'il soit rarement absent...).
On trouve enfin Air India, avec la clim ! 3/4h d'attente (notre machine à distribuer des tickets numérotés est ici remplacée par un préposé que l'on dirait asiatique) puis encore 1/4h au comptoir pour se faire tamponner le billet (heureusement que je demande « l'autre aussi »).
Rickshaw pour Central Station. Son klaxon est aphone, c'est un gros handicap ! Le bureau des renseignements nous dit que c'est au premier étage du bâtiment à 11 étages (bon, d'accord, le guide le disait aussi). Premier escalier fermé pour travaux, on traverse tout, une pancarte nous promet que les comptoirs 37 à 40 sont réservés aux étrangers. À l'étage, seuls les comptoirs 1 à 10 sont disponibles, le reste est en travaux. On finit par comprendre qu'il faut remplir un « application form » (même si l'on ne veut pas candidater) avec tous les détails du trajet (dont une adresse, indispensable). Le système se révèle efficace, avec même un tableau à diodes pour afficher le numéro du train, le code des stations et le prix du trajet que l'on a demandé, ça rassure.
Bilan : une journée pour un billet de train et un billet d'avion que l'on a déjà. Manifestement il nous manque un peu d'expérience. Heureusement nous ne dormons pas dans cette grande ville aux publicités anarchiques (mais les murs portant l'inscription « Stick no bills » sont respectés) et aux noms de rues rares. La date devant un lieu veut dire que c'est là que nous avons dormi :
Nous avions des cartes mémoire pour 600 photos, avons pris un peu moins de 1000 photos (en triant régulièrement sur le petit écran de l'appareil), et gardé 500.
J'ai comparé un peu avant de mettre les photos en ligne. Pikeo est en flash donc petit, lent, sans onglets... insupportable. Nous avons plus de photos que la limite de Flickr dans sa version gratuite. Zooomr (ne pas oublier les 3 "o" sous peine de tomber sur du spam) est lent et ne permet de taguer ou géolocaliser qu'une photo à la fois. Rien de tel qu'une application locale plutôt qu'en ligne, finalement. Picasa m'a convenu, et l'intégration avec Google Earth pour géolocaliser les photos est confortable. Et puis il correspond à ma philosophie : sauvegarde de la photo originale quand on fait une retouche, enregistrement des légendes et coordonnées GPS dans la photo (et non dans Picasa) au format standard exif, donc interopérable.
Un détail pour les utilisateurs de Gwenview : ses commentaires ne sont pas lus par Picasa. Ceux écrits avec Digikam marchent.
Commençons par l'émerveillement, juste des images, avec quelques commentaires dans chaque album.
Classé au patrimoine mondial de l'Unesco :
le temple du rivage |
puis les 5 Rathas (temples en forme de chars, monolithiques). |
La petite ville est charmante. |
Pour arriver depuis Chennai, le guide dit de prendre le bus 15B pour la gare routière. Encore faut-il le prendre dans le bon sens, on se retrouve à l'autre terminus, ce qui du coup permet d'avoir deux places assises. Des vendeurs de snacks frits traversent le bus et descendent à l'arrêt suivant. Les fenêtres sont définitivement ouvertes. Et c'est mieux ainsi, les vitres qui restent sont brunes de poussière (sauf le pare-brise).
De la gare routière, le bus est sans histoires. On arrive de nuit, plusieurs rabatteurs veulent nous trouver une chambre (le dernier nous lâche à proximité du panneau "les chambres coûtent plus cher si elles sont indiquées par un rabatteur"), mais fait quand même semblant de nous avoir amenés ici devant l'hôtelier. Le lendemain on laissera nos sacs à l'hôtel le temps des visites, mais la consigne n'est pas très rassurante : un cagibi non verrouillé, derrière le comptoir dans la cour d'entrée, mais où il n'y a pas toujours quelqu'un. D'ailleurs il n'y aura personne au moment de revenir chercher les sacs.
Comme vous pouvez le voir sur la carte, nous n'avons pas pris le chemin le plus court du Shore temple aux 5 Rathas (OK, pas même le chemin que nous avions prévu). Ce qui nous a permis de découvrir le parc autour du phare, un aperçu de la campagne, le petit village au sud et d'arriver juste à côté des 5 Rathas. Un germanophone à tête rasta croisé au Shore temple nous confirme que c'est la bonne route.
On demande le bus pour Pondicherry : « allez sur la grand route et attendez 10 minutes, un bus arrivera ». En effet. Le bus est bien plein et je me retrouve à quelques marches de la porte (enfin, de l'ouverture, il n'y a sans doute jamais eu de porte). Avec de bonnes secousses (quand on est assis, on décolle parfois du siège). Ne pas lâcher la barre même au moment de payer...
Pour le trajet suivant, on prendra (sans l'avoir cherché) un bus « deluxe » un peu plus cher mais toujours dérisoire. Portes qui ferment, plus de place et moins de monde, sièges inclinables... ce serait parfait s'il n'y avait un DVD trop fort au point que l'on sorte les boules Quies. Le lecteur est sur un plateau à suspension et il y a quand même des coupures dans le film. Une chose est sûr, ils savent faire des bus solides. Ça pourrait être pire, dans le bus que l'on prendra pour Periyar, on décolle régulièrement du siège.
Attention, il y a sans doute des francophones ici.
Le plan n'indique pas où est la rue de notre hôtel, à environ 1km de la gare routière. On se laisse convaincre en négociant un peu par un chauffeur de rickshaw qui nous dit connaître. « Bougez pas, je vais le chercher »... et entre deux bus, il nous ramène un rickshaw à pédales ! Carine un peu honteuse de le payer si peu cher pour son effort. Pas très rapide, il pousse à pied quand ça monte à peine avant le pont, et nous conduit à l'hôtel voulu. Non sans nous dire qu'il est cher et qu'il peut nous emmener dans d'autres hôtels qu'il connaît ;-) On lui laisse un pourboire pour son dur travail.
Les proprios, francophones, sont à Bangalore pour quelques jours, on ne les verra pas. Cuisine à disposition + supermarché indiqué par le guide, l'occasion de se faire beaucoup de riz avec des sauces variées. Le « mango thokku pickle » a plus de piment que de mangue.
Quelques précisions sont amusantes : centre d'enregistrement des naissances informatisé, ingrédients : (...) huile végétale comestible (...) colorants autorisés. Ainsi que la qualité de la vaisselle jetable pour le service de restauration à bord des trains Shatabdi (haut de gamme), ou la pharmacie qui fait centre de radiologie.
Un peu de shopping. Une pâtisserie fabuleuse (mais avec beaucoup de recettes au lait, que l'on évite). Des cylindres avec de petits trous en motifs, sans doute pour dessiner les traits parallèles dans les kollams (mais le seul que nous avons vu en cours de réalisation, c'était à main nue). Ça aurait pu être amusant pour des décorations au sucre glace sur du chocolat, mais ça sert surtout à encombrer la cuisine, on s'en passera. Une chemise avec étiquette Cerruti à 4€, mal cousue... Pas sûr que la douane soit très accommodante si elle trouve ça dans mes valises...
Visite à l'Ashram fondé par Sri Aurobindo et La Mère. On demande à Carine d'enlever ses chaussures, elle s'excuse de ne pas pouvoir enlever ses collants, ils répondent qu'elle peut garder ses chaussures. Décidément, avec une tête de touriste, on se fait surveiller pour respecter les règles, mais dès que l'on évoque un problème on nous dit que l'on peut ne pas la respecter.
Une pancarte demande de ne pas ajouter de fleurs sur la tombe. Après un passage devant celle-ci, on nous fait signe d'aller dans un petit jardin où des indiens méditent (mais les autre visiteurs, indiens, n'ont pas à prendre le même chemin, bizarre). Calme reposant. Puis on sort par la librairie et le salon où le fauteuil du gourou est toujours là, et il est bien sûr interdit de s'y asseoir. L'intégrale de Sri Aurobindo : 37 gros volumes, 150€. Au retour on traverse le quartier musulman où l'appel à la prière se fait via un réseau de haut-parleurs dans les rues.
Les moustiques sont presque aussi réactifs que les mouches, difficiles à attraper. On croise un blanc tous les 500m, c'est beaucoup.
Visite au jardin botanique le matin du départ. Au centre se trouve la tombe du fondateur. Le Mahogany, introduit par les français, n'a des fruits qu'après avoir poussé 20 ans... Joli papillon de 10cm, qui ne se pose jamais plus d'une seconde pour être photographiable.
Pas mal de campagnes de sensibilisation : « Speed up, but don't end up. » « Arrive in peace rather than in pieces. » « Speed thrills but kills. » « Avoid cell phone while driving. » De toute façon on n'entendrait rien. Pourtant un passager de scooter essaye, et semble même réussir. C'est toujours mieux que « Obey traffic rules », ou le carrément utopique « Avoid overtaking ». On voit aussi un inquiétant « Accident prone zone - go slow » qui ne semble pas changer grand chose.
La traversée des avenues est difficile, mais même les chèvres y arrivent. C'est la sélection naturelle. Impossible de conduire ici sans être indien. D'ailleurs louer une voiture avec chauffeur n'est pas plus cher que sans. On double souvent, ce qui demande la collaboration des trois protagonistes : le dépassé se pousse, et celui qui arrive en face (il y en a presque toujours un) ralentit. Ce qui est possible car on roule moins vite que chez nous. On se rabat au dernier moment pour laisser passer celui qui arrive en face. Il y a parfois trois voies.
Le soir, resto indiqué par le guide, caché derrière l'entrée d'un hôtel (mais pas vraiment le resto de l'hôtel, en tout cas il n'a pas le même nom). On essaye plusieurs pains : le Kulcha est plus moelleux que le Pulka (?), et surtout est saupoudré de sésame et coriandre frais. Le Romali roti est aussi assez sec. Le serveur nous explique que l'on est censé poser le pain sur l'assiette, ajouter les légumes préparés, rouler et mettre en bouche. Sans doute pratique quand on n'a pas de couverts, mais la fourchette reste une belle invention.
Première visite de la journée : le Rock Fort Temple. Arrivée en bus, traversée du bazar pour atteindre l'entrée, encore quelques boutiques à l'intérieur qui vendent des offrandes. Il y a un grand temple à mi-hauteur interdit aux non hindous et un petit temple au sommet. Belle vue sur la ville, la Cauvery, le Ranganathaswami Temple.
Puis direction le Sri Ranganathaswami Temple, on reprend la même ligne de bus. « Sri » signifie saint, Ranganatha îlot (en fait il est sur une presqu'île). De près aussi, le gopuram est impressionnant. La terrasse avec vue, recommandée par les deux guides et payante, est effectivement intéressante. Le propriétaire nous accompagne et ne manque pas de nous proposer ses services de guide. On aura donc quelques explications :
Personne ne marche sur les trottoirs. Encombrés de vélos, boutiques, flaques, parfois bordés d'une barrière et transformés en impasse. Même en pressant le pas, on ne marche pas à plus de 3km/h de moyenne.
Conduire le bus requiert toute l'attention du conducteur, il y a donc dans chaque bus un contrôleur chargé de vendre les tickets. J'ai vu l'un deux descendre du bus, toucher la marche et porter la main à sa bouche, le même signe que certains font à l'entrée d'un temple.
Pour trouver l'hôtel, on suit la grande rue assez longtemps, puis une plus petite, puis une rue en terre avec des chèvres, des garages et ateliers de soudure, et l'hôtel est finalement là, assez improbable, mais garanti calme.
Les chambres sont louées pour 24h, en arrivant le soir on peut donc repartir en ayant laissé ses affaires dans la chambre jusqu'au soir. Mais quand on revient du temple le lendemain vers 14h, il nous explique que notre chambre était déjà réservée pour notre deuxième nuit avant que l'on arrive. Il faut donc que l'on change de chambre. Au passage elle est un peu moins chère que la première, il avait sans doute commencé par nous proposer ses meilleures chambres.
Petite négociation pour que la réservation corresponde plus à 48h depuis notre arrivée qu'à 24h après le changement de chambre.
Dans la rue, la terre est assez sableuse, on s'enfonce facilement. À côté du pont, un escalier permet de se baigner dans le fleuve, avec une barrière pour ne pas se laisser entraîner par le fort courant. Un vendeur de grenades en a ouverte une, je comprends qu'il y a une technique pour les éplucher. Un vendeur de tapis d'une boutique pseudo-« familiale » est le meilleur anglophones que nous avons rencontré... (avec les passagers du train en classes à air conditionné et à l'aéroport). Argumentaire redoutable : un tapis est un cadeau « pour toute la famille », « Something is better than nothing. ». Non, il vaut mieux quelque chose que l'on apprécie, même un peu plus cher, que quelque chose que l'on va laisser au fond d'un placard.
Les guides donnent plusieurs adresses de restos avec numéro et rue, mais dans la rue principale on ne trouve que deux numéros (et c'est parce que la boutique affiche sont adresse complète sur son enseigne). Je me demande comment fait la poste. On finit par trouver celui qui est le plus loin. Je demande quelques explications au serveur entre les poulets « Chettinad », « Kalimirch », « Adraki »; à chaque fois la réponse est « celui-là aussi est épicé ». Il me conseille vers la fin du menu, le « Dahiwala », « Dorbani » ou « Dhara ». On peut payer 10ct de plus pour qu'il soit « B/L » (boneless). Au milieu du repas le serveur nous propose du riz (on ne doit vraiment pas commander comme tout le monde) disponible « suddenly ». 6L d'eau à deux en un jour !
6h du matin, Carine fait tomber la moustiquaire en revenant se coucher. Bon, bah, levons-nous, on sera à une bonne heure au temple. C'est tellement l'attraction de la ville qu'on l'appelle simplement « big temple ». Un énorme taureau sculpté trône au milieu de l'enceinte, c'est le véhicule de Shiva. Chacun a le sien : un aigle pour Vishnou, un rat pour l'éléphant Ganesh, un paon pour son frère cadet... Un prêtre nous marque le front avec de la poudre rouge, c'est le tikka, « for luck and long life ». Des incantations enregistrées sont diffusées. Les inscriptions gravées décrivent les cadeaux de la famille royale qui a construit le temple, le roi Raja Raja s'étant réservé le sanctuaire principal pour sa liste. Il avait une logistique très au point pour s'occuper de tous les métiers du temple. Il débaucha 400 danseuses des plus petits temples alentours pour le sien, auxquelles il attribua 280 servantes.
Je sais plus trop comment le temps a disparu entre le temps de manger et passer au syndicat d'initiative (pour apprendre qu'il n'y a pas de spectacle prévu aujourd'hui), mais on arrive assez tard au palais, que l'on visite au pas de course. Moi qui n'aime pas les musées, ça me convient assez. On tombe dans une pièce manifestement pas prévue pour les visiteurs : imaginez une petite impasse parisienne où les pigeons ont fait leur travail de nombreuses années, le tout très sec et poussiéreux, délabré. Le palais contient une école, plusieurs musées, la cour, le tout agencé (ou réorganisé) assez bizarrement est labyrinthique. Un musée montre une corde en métal tressé étonnante, des poupée de porcelaine kitchissime (sans doute des cadeaux occidentaux), des coiffes de maharajah assez petites.
Le soir, on décide de voir le temple de nuit. Petite coupure d'électricité juste pour nous rappeler qu'il faut toujours une lampe de poche dans la rue. Le temple est joliment illuminé. On ne se rend pas compte, mais ça doit être lourd à porter, à la longue, une trompe d'éléphant. Quand il est fatigué, il pose son pif par terre ou « suce son pouce », enfin, sa trompe. Je trouve taquin de lui donner à manger des grosse branche, mais il a la technique : une patte sur le bout, il enroule sa trompe autour de la branche, arrache d'un seul coup les feuilles en remontant le long de la branche, et engloutit le tout.
Première pluie du séjour, à la descente du bus. On s'abrite pour regarder le plan, et une fois repérés, on en profite pour acheter quelques pâtisseries. 5 conducteurs de rickshaw nous attendent toujours, ce qui nous permet de demander le nom de la rue, ils ne sont pas très collants. Un attroupement au milieu de la rue : un câble électrique coupé est tombé à terre. Pratique pour traverser la rue car la circulation est arrêtée ! Les signaux de recul des voitures sont variés, insupportables (c'est fait pour), façon sonnerie des premiers portables, par exemple la lettre à Élise. Publicité pour des cours d'informatique un peu partout.
Arrivé à l'hôtel, on se laisse convaincre par la première chambre proposée, assez luxueuse (même le PQ est fourni ;-) avec vue sur un moyen temple juste en face.
On se fait proposer des cartes postales à vendre chaque fois que l'on s'approche d'une entrée. Presque aussi souvent que les propositions de rickshaws à l'extérieur. Pas collant, mais un peu trop répétitif.
Plusieurs boutiques de DVD et MP3. Les CD sont juste un paquet de MP3 piratés gravés (mais au moins il y a un travail d'édition dans le choix des morceaux). Les DVD sont de la contrefaçon plus soignée : jaquette imprimée en grande série sur papier pelliculé (mais pochette plastique, film sans doute en provenance directe d'internet).
On nous aborde d'un « welcome to India », grand sourire, quelques questions sur nous, puis vient enfin le but de celui qui nous apostrophe : « je suis tailleurs, mon père aussi, venez voir ma boutique ». Une fois qu'il nous a vendu quelque chose, il nous emmène dans un emporium (boutique à prix fixes et bien plus chers, de qualité meilleure que la moyenne, qui verse une commission à ceux qui lui amènent des clients) avec pour arguments « belle vue sur la coupole dorée du temple » (c'est vrai), « vous avez de la chance, elle va changer de couleur » (pas vu, et il n'en parle plus une fois qu'on est dans l'emporium), « dépêchez-vous, ça va fermer » (gros mensonge). On croise d'autres touristes français à l'entrée :
« - Ça ne vaut pas la peine, il n'y a rien.
- La boutique, on sait avant d'entrer, mais la vue ?
- Oui, c'est intéressant. »
On commence par la vue, certes jolie, et l'on a quelques explications en prime. Ainsi le gopuram pouvait se visiter, puis un indien en a sauté pour se suicider. Depuis il n'est ouvert que pour les prêtres, qui le nettoient.
On ressort rapidement, sans même s'arrêter dans l'incontournable salle des tapis.
Oups, demain dimanche puis dans le petit village de Kumily, il sera peut-être difficile de changer de l'argent. On est le soir, les boutiques de change sont fermées, on fait la chasse à au distributeur acceptant les cartes étrangères (indice : aller à la gare).
Les montagnes, le frais, on apprécie même l'eau chaude de la douche.
Ici les rickshaws ont une bâche qui ferme complètement, et en effet le jour du départ, bonne grosse pluie juste le temps d'aller à la gare routière.
On arrive de nuit, dommage pour la vue. Ce sera la surprise demain.
Je demande à mon voisin dans le bus :
« - How long?
- 25km
- how much time?
- 1h »
Effectivement une heure plus tard, les rabatteurs sont très actifs à la descente du bus. Difficile de ne pas passer en mode automatique et dire impoliment non à tous. Après avoir traversé le village en cherchant l'un des hôtel recommandé par le guide, on se fait proposer par le propriétaire d'un boutique de nous emmener en rickshaw (à ses frais) à sa maison pour voir une chambre à nous proposer. Je ne sais plus si c'est ça qui m'a convaincu ou le fait qu'il proposait que l'un de nous deux reste à la boutique avec les bagages (i.e. que l'on ne se pose pas tout de suite).
Chambre neuve, au calme, tarif hors saison, propriétaire au sourire indéfectible... on reste. C'est la pension « Amala Cottage » (en un seul mot @rediffmail.com). Pour la trouver, s'adresser à la boutique « Amala Art Centre » près du Michael's Inn, sur Thekkady road. Au centre de
cette carte.
Boutique que nous visitons juste avant de partir. Pas spécialement intéressante, mais prix fixes corrects et emballage papier plus écologique que le plastique.
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La réserve |
L'intérêt du village est la grande réserve naturelle, comprenant un grand lac. On prend le premier bateau pour avoir plus de chance de voir des animaux. Il vient de pleuvoir, du coup les animaux n'ont pas vraiment besoin de venir au bord du lac pour boire. On verra un sambar, une famille de loutres en tas, pas mal de poules d'eau, des wild buffalos, quelques bipèdes accompagnés d'un guide, deux trois martin-pêcheurs... Sur une carte ou photo satellite, on voit très bien que le lac est très dentelé, il a été créé par un barrage anglais. On a du mal à se repérer dans les multiples bras.
Puis restaurant et quelques boutiques d'épices pour se faire une idée avant la grande visite des jardins d'épices par une guide rencontrée (pas par hasard...) au débarcadère. On aurait peut-être dû s'adresser à une boutique d'épices plutôt qu'au premier guide qui nous apostrophe, mais peut-être qu'on n'aurait pas visité de boulangerie sinon. Rêve d'enfant dans l'usine de thé remplie de machines et la poudre qui passe de l'une à l'autre sur des tapis roulants... En résumé, les feuilles sont broyées, fermentées 60 à 90 min (après un mauvais goût se développe), séchées, « boulettifiées » et triées selon la taille.
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Animations touristiques |
La guide nous ramène comme convenu au débarcadère pour que l'on revienne au village à pied à travers la réserve. Plusieurs panneaux expliquent les lieux et développent un philosophie de l'homme en harmonie avec la nature. On arrive juste à l'heure pour des animations, certes touristiques, mais c'est tout de même mieux avec des explications. Et la journée n'est pas encore assez remplie, la femme de notre hôte nous montre la cuisine de quelques plats (et en a préparés d'autres à l'avance). Demandez la recette ! Elle ne mange pas avec nous.
Restaurant Lake Shore : on commande deux plats probablement épicés et du « lemon rice » pour faire passer, et c'est le riz qui se révèle plein de piment... heureusement en gros morceaux, ça va mieux en triant. Ici, les bébés sont initiés au piment dès 4 mois.
Lendemain matin, lèche vitrine incontournable, la collection de boutiques d'épices. On refuse régulièrement la collection d'échantillons à touriste qui veut se dire « j'ai tout ». Pas forcément plus intéressant que dans un supermarché de Chennai, mais des choses difficiles à trouver ailleurs, des conseils, un paquet de café cadeau à la fin (on lui a acheté plusieurs kilos), et même le mail perso du vendeur si on veut lui poser des questions à notre retour ! Puis direction la gare routière (enfin, on n'a pas trouvé la direction tout de suite dans ce village à trois rues...).
L'incontournable ici, ce sont les backwaters. Selon le point de vue, un long lac avec de grandes îles ou bien un réseau de canaux mi-artificiels avec des passages très larges. Le tout le long de la côte sur 40km. L'hôtelier nous a vendu un billet le soir pour le lendemain matin, on se retrouve avec un groupe de français, un autre solitaire, et deux couples d'indiens. Ce sont les derniers jours, on se laisse aller à être complètement pris en charge dans un tour organisé. On apprend ainsi que Kerala signifie le pays de la noix de coco, mais la production ne suffit pas à la consommation locale, du coup une noix coûte plus cher qu'ailleurs (15 au lieu de 8Rs). De retour à l'hôtel, le propriétaire insiste pour que l'on vous parle de lui. C'est donc un certain Josephcyril Rodriguez, qui tient la maison Ham Dale Inn. Propriétaire très serviable et gentil, notre chambre était un peu sombre. 5 chambres toutes au RdC, un peu biscornues, le tout un peu vieux.
Cet état est plus riche que le Tamil Nadu (ici les bus ont des portes !), c'était sans doute mieux de faire notre tour dans ce sens. En revanche, c'est très humide, les serviettes et cartes postales s'imbibent au lieu de sécher.
Le lendemain, visite tranquille de Cochin. Les carrelets de pêche, grands alignements se balançant majestueusement, attirent évidemment les chats, qui attendent patiemment. On goûtera les « tiger prawns », crevettes de 10cm effectivement tigrées jaune pâle et bleu. Ça a surtout le goût de crevette. Une chèvre se balade à côté avec une clef au cou. Je n'ai pas bien compris les explications du vendeur de cartes postales, mais c'est peut-être juste en guise de cloche. Ces vendeurs s'agglutinent rapidement, attendent leur tour pour nous vendre boîte puzzle, peinture sur soie, carte mémoire d'appareil photo (plus cher que sur eBay)... Un francophone (au moins pour quelques mots) leur dit de s'écarter.
Au moment de revenir à l'hôtel, un vendeur de Jew Town nous dit que l'on est les premiers clients de la journée. Un conducteur de rickshaw nous explique que c'est la basse saison, qu'il ne trouve pas de clients, il nous propose de nous conduire gratuitement de Jew Town à la pointe de Fort Kochi moyennant notre visite dans un emporium. Cela lui donne un point par touriste blanc, et à 20 points il a gagné une chemise. Au passage il nous montre une sécherie de gingembre, l'embarcadère (que l'on aurait eu du mal à trouver sinon), et un emporium de plus. On dirait un musée des automates : tout est calme et, sur notre passage, les vendeurs s'animent, lumière et ventilateur s'allument, la bande son commence...
Quelques samoussas et pâtisseries à emporter plus tard, on arrive à la gare. Un tableau blanc effaçable à sec indique le quai de notre train. Une pancarte explique qu'il ne faut pas toucher les câbles tombés à terre « as it is likely to prove dangerous ». Il y a plusieurs classes différentes, on a pris quelque chose d'intermédiaire avec air conditionné (on peut se faire rembourser la différence de tarif si l'air conditionné ne marche pas). Ce qui nous autorise à entrer dans une salle d'attente réservée. On y trouve un écran LCD neuf indiquant les trains au départ, naturel avec nos réflexes, mais qui à la réflexion jure un peu avec le reste.
Dans le train. Un contrôleur distribue couverture, oreiller, deux draps (c'est donc mieux qu'à la SNCF). C'est organisé en compartiments sans portes. On est à côté d'un représentant en saris de mariages non traditionnels, il a été dans toute l'Inde et exporte aux États-Unis. Fan d'Angelina Jolie. L'autre voisine, Mini Vasudevan, est plus bavarde, c'est même elle qui entretient la conversation. Née hindoue mais non pratiquante, habillée à l'occidentale, végétarienne par conviction. Elle participe à une association d'aide aux animaux (surtout vaccinations et stérilisations) et cherche de l'aide de vétérinaires (étudiants bienvenus) à Coimbatore. Si jamais vous connaissez quelqu'un d'intéressé, son email est « minivas », et elle travaille à nortel.com, ou bien visiter hasindia.org. En tant qu'association caritative, ils ne pourrons fournir que les « basic needs », pour une durée au choix. Elle nous recommande au passage de visiter Coimbatore, avec autant d'enthousiasme qu'un habitant de Kodaïkanal nous recommandait sa ville.
4h55. Le bébé du compartiment d'à côté décide que c'est la fin de la nuit et le fait savoir à tout le wagon.
5h. Sa mère le persuade du contraire.
7h. « Chai, chai » (qui veut du thé ?)
Et nous voici à Chennai.
On pose nos sacs à la consigne à la gare pour se promener en ville. Je mets un moment à comprendre que quand la guichetière me fait signe de venir moi-même empiler mon sac, c'est que je dois passer par dessus le comptoir pour le faire. Le numéro du ticket est reporté à la craie sur le sac. Dans un temple, la consignes à chaussures était simplement un quadrillage de cases numérotées, un peu comme une marelle, et l'on vous donnait le ticket de la case où sont posée vos chaussures.
Sur les conseils du guide, on visite les studios de cinéma, mais il n'y a pas grand chose à voir aujourd'hui. Au passage, le fleuve de Chennai est toujours aussi puant. Noir, des déchets sur les rives, mauvaise odeur chaque fois que l'on passe sur un pont. Puis passage dans un centre commercial style occidental pour les derniers achats.
Il nous reste juste le temps de visiter China bazar. Tout à fait comme décrit par le guide : rien de véritablement particulier, animé, embouteillages humains (ici c'est la rue qui est complètement encombrée malgré un sens unique, ailleurs on arrivait encore à 3km/h de moyenne en marchant vite...), délicieux jus de canne à sucre, petites échoppes (ici comme ailleurs, la majorité des boutiques sont des petits revendeurs, possédant parfois juste une centaine de pneus), petits temples. Notamment un temple Jaïn (photo). Attention, il y a un côté pour les hommes et un côté pour les femmes. Une grande décoration lumineuse en ampoules (comme nos guirlandes de Noël dans les rue) représente Ganesh, car demain c'est son anniversaire (tout à fait notre Noël, quoi). Alors que je m'applique pour le prendre en photo, un indien amusé me demande si je sais qui c'est. Bien sûr. Dans le journal, les lecteurs donnent leur avis sur ce que devrait faire Lord Ganesh à l'occasion de son anniversaire.
Dernier marchandage de rickshaw pour aller à l'aéroport. L'excuse pour le prix annoncé (plus cher qu'à l'aller) est cette fois que l'on est le soir. Sur la grande route pour l'aéroport, c'est le seul endroit où il peut atteindre la limite officielle de 25km/h. Animation à l'aéroport : le match de cricket (sport national) opposant l'Inde et le Pakistan (c'est LE match qu'il faut gagner) est retransmis sur les écrans.
À Bombay on atterrit un peu juste pour la correspondance à 6h40, on essaye de sortir rapidement. Les portes mettent longtemps à s'ouvrir, on ne l'aura probablement pas. Dans les couloir ils demandent aux passagers du vol 911 (?) de passer et aux autres d'attendre. Une autre passagère pour le même vol que nous a le même numéro sur sa carte d'embarquement mais un autre horaire de décollage, 1/2H plus tard... Finalement, au cours des discussions, un passager indien me dit qu'Air India va probablement retarder le vol que nous devons prendre pour assurer la correspondance.
En effet. Mais tout de même pas très rassurant d'avoir attendu sans savoir.
Finalement, nous avons eu pas mal de chance : pas de pluie à un moment gênant, pas de vol, pas de maladie...